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découverte : gravure, estampe…
de quoi s’agit-il ?

La gravure. Tout le monde connaît le mot, mais beaucoup ne savent pas vraiment de quoi s’agit-il. Cela reste très vague, pourtant, tout le monde en a eu sous les yeux.

Une chose est sûre, pour celui qui s’y plonge, la découverte est passionnante, des univers s’ouvrent les uns derrière les autres. Qu’il soit un bon dessinateur ou un simple débutant, le résultat se révèle toujours étonnant et plein de surprises. Mais la gravure qu’est-ce que c’est ? Comment ça marche ?

le principe et les matériaux de gravure

Il s’agit d’une technique de reproduction d’image. La plaque est gravée, c’est une matrice qui permet de réaliser plusieurs tirages. Elle est en métal, en plexi, en lino, en bois… Et on grave comment ? À l’aide d’outils incisifs, pour la technique directe, ou en procédant par “morsure” d’acide ou d’autres produits, mais uniquement lorsqu’il s’agit des plaques de métal.

le tirage

Une fois gravée, la plaque est encrée, on la pose sur le plateau de la presse, on la recouvre d’une feuille de papier, d’un lange en feutre et là c’est le moment magique. Le graveur fait tourner la roue de la machine et, qu’elle soit grande ou petite, ancienne ou moderne, l’émerveillement est toujours au rendez-vous. Lorsque l’on soulève le lange et on récupère la feuille, l’encre est passée de la plaque au papier révélant le dessin et ses couleurs. On obtient un “tirage”. Par la suite on peut continuer à travailler sa plaque, s’aidant de tirages successifs en cours de route, qui s’appellent “états”, jusqu’à obtenir “l’épreuve” finale. Les tirages sont réalisés par l’artiste lui-même, ou sous son contrôle, par un tireur. on peut ensuite réaliser plusieurs tirages identiques.
L’image est à l’envers, par rapport au dessin sur la plaque et même un graveur chevronné se laisse parfois surprendre…
Cette description, bien sûr sommaire, retrace les étapes principales du processus .

gravure ou estampe ?

Les deux termes sont utilisés par extension pour désigner la même technique. Mais le mot estampe, au sens strict, désigne le résultat de l’impression d’une gravure, le tirage. La gravure c’est la plaque de métal ou tout autre matériau sur laquelle le dessin est réalisé à l’aide d’outil tranchant. D’autres nous diront que le terme estampe est plus large et englobe par exemple le monotype, où on ne grave pas la plaque.

gravure en creux ou en relief ?

Les deux mon capitaine ! Tout ce qui se raye, se creuse s’y prête. Mais on fera la différence entre la taille douce et la taille d’épargne.

taille douce

Tout support suffisamment lisse pour pouvoir être essuyé se prête à la “taille douce” : on peut graver sur du métal : du cuivre, du zinc, du laiton… mais aussi sur du plexiglass, du rhénalon, ou des boites de lait ou de conserve. Soit on “raye” directement la plaque (pointe sèche, burin, papier de verre, vieux clou)…. le métal peut être recouvert de vernis, dessiné et “mordu” à l’acide. Ici plusieurs techniques : eau forte, aquatinte, vernis mou…
Dans tous les cas de figure, lors de l’encrage de la plaque, l’encre va se mettre dans les parties rayées, creuses, le reste sera essuyé. Ce principe fonctionne avec tout matériau dont la surface est lisse.

taille d’épargne

À l’inverse, dans la a gravure sur bois, la linogravure ou la gravure sur carton, matériaux à surfaces rugueuses, on encre le relief, au rouleau, et les creux restent blancs. On doit donc évider les parties autour du dessin. On parle alors de la “taille d’épargne”. Les estampes japonaises ou certaines illustrations de livres anciens en sont l’exemple. tout ce qui s’incise s’y prête.
Voici quelques exemples de ces techniques (piochés les travaux de Magda Moraczewska), vous en trouverez d’autres dans la galerie de photos, où vous pouvez faire une recherche par technique donnée.

exemples de techniques, de gauche à droite : pointe sèche, vernis mou, aquatinte, carborundum, eau forte, bois, lino

le papier

papier gravure Hahnemuhle
rames de papier de gravure Hahnemühle

Le papier est l’âme de la gravure, sa sensibilité et sa souplesse le différencient des autres papiers. C’est un papier “chiffon”, doux comme la peau de pêche et épais parfois comme celle d’un pachyderme. Il va porter le dessin au regard des autres, durant des siècles grâce à son ph neutre. Il détient tous les secrets du graveur et de sa plaque, de l’encre posée avec grand soin, il transcrit la trace du mouvement de la main du graveur au moment de l’essuyage de la plaque. Il va aussi, sous la pression, reproduire le relief du dessin gravé en profondeur et l’épaisseur de la plaque. Chaque tirage est unique et son papier en est le témoin.
Les papiers de gravure sont l’apanage des grands moulins, Arches, Hahnemühle, Rives, Fabriano… tous les grands papetiers ont leur papier de gravure.

Fabriqué à base de coton parfois additionné de lin, il est à la fois souple et résistant. On le laisse tremper dans l’eau une bonne heure avant de passer sous la presse, ainsi assoupli il va pouvoir entrer dans les creux les plus fins de votre gravure pour aller y chercher l’encre.

Mais n’oublions pas les autres cultures, n’oublions pas les papiers japonais ou chinois, les papiers de riz, fins et pourtant très résistants, parfaits pour la gravure sur bois.

mais les gravures c’est toujours noir !

Non ! On a peut-être en tête des images de la gravure en noir et blanc, en pensant à des livres européens et à une époque ou les couleurs étaient très chères ou difficiles à fabriquer. C’était aussi une époque où la gravure se devait d’être noire. Mais regardez les estampes japonaises, des ukiyo-e pourtant anciennes, elles sont colorées à souhait dès le 17e ! Oui, les encres ont une large palette de couleurs. Elles sont élaborées à partir de l’huile de lin et de pigments, comme la peinture à l’huile, en plus épais. Étant très chargées en poudre pigmentaire, elles permettent des couleurs d’une rare intensité. Techniquement, tout est permis, mélanges de couleurs sur la plaque elle même, ou plusieurs plaques pour chaque couleur. L’imagination est au cœur de la gravure, au moment du tirage on peut passer la plaque plusieurs fois sur le papier, la décaler, la superposer, changer les couleurs, vous allez découvrir l’immense champ des possibilités, parfois même en inventer.

la numérotation en gravure

La gravure permet d’obtenir plusieurs tirages et, selon la technique utilisée, leur nombre réglementaire varie (la plaque est fragile, elle peut se rayer, les traces d’outils s’effacent aussi, sous pression). Les tirages sont numérotés (1/10 etc), il y a aussi la possibilité de tirer plusieurs “épreuves d’artiste” qui seront hors commerce. Il faut savoir que de nombreux artistes ne s’intéressent pas au principe de tirage multiple et réalisent des œuvres uniques ou de variantes colorées différentes, y rajoutent d’autres médias, comme le collage, le dessin. On en conclut que la gravure se laisse “détourner” à souhait !

de nos jours…

Nombreux sont les artistes pour qui la gravure constitue seulement un des médias qu’ils utilisent. La grande diversité des techniques qu’elle recèle permet à tous s’y retrouver, à travers la couleur ou le noir et blanc, aussi bien dans le dessin au trait (eau forte, burin, pointe sèche…), le modelé du clair obscur (aquatinte, manière noire), des grosses touches toutes en matière (le Carborundum), d’autres effets Chine appliqué…

Aujourd’hui, par commodité, certaines institutions ou organisations (la Bibliothèque Nationale de France, ou la Fédération nationale de l’estampe) appellent aussi estampe le tirage obtenu par des techniques de reproduction artistique, comme la lithographie ou la sérigraphie, qui utilisent des principes différents. Certains parlent aussi de “l’estampe numérique”. À suivre…

Vous pourrez approfondir vos connaissances sur ce site qui explique en détail les différentes techniques.
https://lithographie-collection.com/

Bientôt ici quelques exemples de techniques, ainsi que des photos d’outils …

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